Black Friday : vive les consomm-acteurs de 2020 !

No Black friday

Black Friday, je te quitte. Voilà ce que je peux souvent lire sur les réseaux sociaux, en cette fin 2019.
Facile à dire. Mais à faire, tant pour un client que pour un entrepreneur… Qu’en est-il ?

Black Friday : Acte II. Le point au bout d’un an

J’ai beaucoup de choses à vous dire sur le sujet. A commencer par le fait qu’il y a un an, je m’interrogeais déjà ouvertement sur le sujet, dans un article que vous pouvez aller lire ou relire. Il se nommait « Être ou ne pas être Black Friday ». Je me posais mille et une questions à l’époque… et avais tranché pour un semi Black Friday, dans le sens où les réductions ne pouvaient pas plonger aussi bas que certains d’entre vous le souhaiteraient. Un entrepreneur doit en effet rester en vie, avec sa jolie boutique, pour continuer à vous proposer le meilleur des sélections de bijoux de créateurs possibles, au fil des saisons. 🙂

Les soucis liés au Black Friday

A l’époque, peu de personnes voyaient le souci. Encore moins écologiques. Il y avait surtout de grandes sociétés se frottant déjà les mains (car certains d’entre elles, ne nous voilons pas la face, pouvaient et peuvent encore se permettre d’effectuer de grandes marges sur la vente de leurs accessoires de mode. Je ne fais pas partie de ce monde-là). Il y avait ensuite les petites boutiques, comme ma boutique de bijoux fantaisie de créateurs , et d’autres un peu plus grandes également, qui n’y voyaient pas un grand intérêt, mais qui ne pouvaient pas se permettre, juste avant Noël, de devenir invisibles.

Ayez en tête que nous jouons tous une grande partie de notre année au moment des fêtes.

L’idée était finalement d’être présents à notre façon. Comme on le pouvait. Les efforts étaient même énormes chez des petites / moyennes entreprises… donnant toutefois lieu à un cercle vicieux : le Black Friday n’était plus intéressant du tout pour les commerçants en terme de marge, les prix devenaient trop bas pour finir l’année sereinement… et vous, clients, compreniez parfois mal cette volonté de se faire connaître pendant cette période. Certains d’entre vous pouvaient penser que, finalement, le vrai prix était celui proposé pendant ce week-end de fortes promotions. Ce système continuait à brouiller les cartes.

Rajoutez à cela les problèmes éthiques et environnementaux, dont – fort heureusement – on parle beaucoup plus aujourd’hui, et vous aurez le résultat du moment : bien des personnes se querellent. Il y aurait les vertueux d’un côté, les loups de l’autre. Le tout dans un brouhaha de propos visant particulièrement les commerçants.

Quand les consomm-acteurs choisissent leur société

Mais, chers visiteurs… dites-vous tout de même que vous êtes entendus. Vos actes comptent.

Ainsi, les plus grandes chaînes seront obligées de comprendre le changement de paradigme si votre façon de consommer est différente. Le commerce tend toujours à se mettre au diapason de ce qu’il comprend des grandes tendances des consommateurs. Ainsi, s’il y a un raz-de-marée de consomm-acteurs boudant le Black Friday, il retombera en ampleur, tel un soufflé.

Or, je vous assure que je continue de percevoir l’attitude suivante : d’un côté, il y a une partie de vous souhaitant être un consommateur responsable, green, éthique… et de l’autre, le cerveau – financier qui demande à faire des dépenses en moins, pour Noël. Pour arriver à quoi ? Effectuer plus de dépenses que d’habitude, car les craquages du moment sont plus forts.

A nous de prendre le temps de nous demander quel est le type de société que nous souhaitons, demain. Posément, calmement

Apaisons le débat et prenons le temps de réfléchir

Ainsi, de mon point de vue : chacun fait ce qu’il peut. Arrêtons de nous jeter la pierre. Cessons de pointer du doigt notre voisin.
Certains vont vivre ce Black Friday comme on vivait il y a quelques années le début des soldes. D’autres vont le fuir. D’autres vont s’en servir un peu. C’est un fait. Mais on peut en discuter, on peut infléchir notre manière de consommer.
(Je me contenterai un tout petit peu de sourire, tout de même, en entendant certaines voix qui, aujourd’hui, s’agacent contre le black Friday. Ces mêmes voix – entreprises / personnes – le faisaient pourtant hier. Gardons tout de même en mémoire notre histoire et balayons devant notre porte.)

Le cas de Poisson Plume

Si je prends mon exemple, avec Poisson Plume : en tant qu’entrepreneure, je propose de ne rien faire en terme de Black Friday cette année. Je pense que je vais à la place donner un coup de pouce pour les achats de Noël en faisant sans doute une opération « -10% ».

Mais, ne vous leurrez surtout pas : je vais évidemment être très peu visible pendant une semaine / quinze jours. Mon chiffre d’affaires en sera impacté.

Réfléchissez une minute -10% sur de beaux bijoux : ce n’est pas rien, pour une boutique comme la mienne. Il s’agit évidemment d’un geste qui n’est pas anodin. Et pourtant. Certains ne pourront pas s’empêcher de se dire que j’aurais pu faire un geste supplémentaire.

Non. Tout simplement parce que je viens de faire des efforts conséquents pour faire connaître encore un peu plus ma bijouterie de créateurs, à l’occasion de l’anniversaire de l’ouverture de poisson Plume – cela me faisait plaisir, d’ailleurs, sinon je ne l’aurais pas fait -. J’insiste sur ce point : j’ai pris le parti de me lancer dans ce que je préfère, à savoir faire une opération prix doux… parce que je le voulais. Celle-ci était liée à la naissance de ma bijouterie de créateurs fin novembre 2015 (rendez-vous compte : j’ai failli attendre 2016 pour ouvrir, tellement je pleurais devant les attentats…). Comprenez que je veux pouvoir décider de ce que je veux faire au moment où il me semble bon de le faire, et de ne pas forcément suivre un calendrier qui m’est imposé. Je suis pourtant déjà un peu ce calendrier des promotions au moment des soldes (qui sont toujours deux fois plus courtes qu’ailleurs), alors n’avoir que des contraintes toute l’année… non.

Voilà où j’en suis pour ce fameux Black Friday, objet de toutes les querelles.
J’ai tenté modestement de le faire une peu l’an dernier, sans proposer n’importe quoi non plus. Je tente cette année de voir si je suis totalement invisible ou non en m’en retirant. J’essaie de comprendre où vous en êtes. Quel est votre état d’esprit, en tant que consommateurs, consomm-acteurs.

A titre personnel, je suis plus sereine en en le faisant pas. De mon point de vue, c’est non seulement problématique pour toutes les inquiétudes citées plus haut (surconsommation, problèmes éthiques et écologiques…), mais c’est dès maintenant de vrais soucis pour des commerces comme le mien.
Après, j’aime l’idée de laisser les personnes libres de leurs choix.
Je peux tout comprendre. Il n’y a pas de jugement moral. A chacun de faire non seulement comme il le veut, mais surtout somme il le peut.

Je pense aussi à la légende du petit Colibri et je me dis que chaque effort fait par une personne compte. Même un demi-effort, même un début d’effort d’un côté et bien moins ailleurs. Il me semble que tout ce qui est discours moralisateur et punitif fait plus de mal que de bien. Je suis pour la discussion sereine, apaisée. Que celui qui n’a jamais cherché un jour une petite promotion, un petit prix doux pour l’un de ses achats lève la main. Il risque se trouver seul dans la salle.

Et si l’on optait pour un French Friday ?

Je me demandais si, l’an prochain, je ne mettrais pas en avant les créatrices optant pour le made in France, fin novembre 2020. Un French Friday… Qu’en dites-vous ? Mettre avec bonheur en avant la belle création et ne pas parler uniquement que de prix toujours plus bas ?

Je vais prendre le temps de réfléchir. Je me laisse un an pour vous en reparler. Mais j’aime bien cette idée ! Après, je ne voudrais pas non plus tomber dans l’idée fausse que tout ce qui n’est pas made in France n’est pas de bonne qualité. On fait vite des amalgames.

Bonne route à tous et surtout, très belle fin d’année à venir, avec un magnifique Noël en vue, pour ceux et celles qui aiment le fêter.

Bien à vous,
Nathalie

PS. Ah oui, je voulais vous dire ceci… A ce jour, je ne mets pas en place une sorte de contre Black Friday, avec par exemple un don à des organismes, une opération verte au autres… Pour plusieurs raisons. En premier lieu car pour l’instant, je trouve que c’est me mettre en avant pour mes actions vertueuses, alors que nous en faisons tous dans notre vie… et que nous n’en parlons pas en public. Peut-être vais-je évoluer sur le sujet. Mais aujourd’hui, j’aurais trop l’impression de mettre en valeur alors que je suis loin d’être parfaite. J’ai du mal avec cette idée. A voir dans l’avenir.

– Merci de m’avoir lue jusqu’au bout. C’était long ! : ) –

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